lulli\'s dreams

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mon royaume pour une princesse

Un puits profond, sans fond, sans lumière jamais ; un puits non pas vers la terre, souterraine, non, un puits vers les cieux, comme dressé-là pour nous perdre. Oui, la cour-puits était minuscule en écho et autre recherche de clarté, sans plante, sans rien, vide et sombre, grise et triste.

La cour était mon domaine, un minuscule domaine pour un roi de l'insignifiance, mes fidèles serviteurs furent des fourmis, mes dames de compagnie des gendarmes, mes chevaliers nombreux quelques cailloux épars.

J'avais froid toujours alors je courais en rond, presque sur moi-même dans la petite cour couverte de poussière et de cailloux blancs plus ou moins fins. Je me réchauffais à l'ombre de mes pas qui crissaient légèrement. Je ne criais jamais, crier seul n'a pas d'intérêt, j'étais le roi de ma cour, et les voisins ne voulaient pas de bruit, même si ça n'était que leur cuisine qui donnait sur mon royaume de peccadille.

De temps en temps, une grande personne venait voir, à l'arrière ma vermine adorée. Y déposait ces grands pieds de personne importante, ruminait, me jugeait jusqu'à me traiter de sale gamin. Sale, je l'étais à force de trainer par ici... impossible autrement... J'assumais sans mal, je leur faisais des pieds de nez et hurlais pour les empêcher d'écraser mes protégés et sincères serviteurs de toujours !

J'étais seul, toujours, dans ma cour emplie de pensionnaires qui auraient fait fuir même un rat tant leur nombre allait croissant durant certaine période... Oui, les rats même auraient fui. L'atmosphère en était étouffante et insoutenable pour qui n'en avait pas l'habitude. Les gens qui s'y étaient aventurés une fois, en étaient sortis aussitôt, par injonction de leur roi – moi - et par l'intermédiaire de mes pensionnaires chéris.

Un jour d'hiver pourtant, j'eus de la visite. Un emménagement venait d'avoir lieu et un petit f*garçon intrépide en avait poussé la porte, y était entré sans aucun dégoût, m'avait vu et souri. De suite, je me présentais à ce nouvel arrivant, j'étais le roi, il se devait de le savoir. Cela l'amusa, sembla-t-il puisqu'il me proposa ses services en tant qu'homme de confiance.

Dès lors ma cour changea un peu, mes soldats redevinrent insectes, et nos cris résonnaient dans l'espace clos au grand désespoir du monde adulte qui nous lançait même parfois des œufs sur la figure qu'il fallait éviter en tant que pire ennemis. Seuls nos parents ne disaient jamais rien tant ils étaient absents.

Mon royaume devenait donc intéressant et prospère, la nourriture tombait du ciel par moment de façon impromptue, et l'ennemi faisait rage, sans cesse, il fallait donc se méfier au plus haut point. Mon homme de compagnie remplissait parfaitement son rôle et réservait les ordures à ma place sans ciller, son honneur était en jeu ! Mes insectes ne se sont jamais aussi bien portés que lors de ces lancés qui leur apportaient de quoi vivre sans chasser, sans se fatiguer en somme. Ma cour des plus horribles, me semblait des plus belles, j'y étais bien, moi, le roi avec mon dévoué et mon peuple.

Bien sûr, le temps passant, il vint à me manquer quelque chose, et mon homme de confiance eut pour mission de me trouver princesse à mon goût. Il chercha longtemps, longtemps sans jamais trouver de princesse digne de mon royaume; tantôt elle riait, tantôt elle fuyait, parfois même elle ne me plaisait pas du tout... il chercha longtemps la femme de mes rêves, et sur mon trône de saletés je me désespérais. La mélancolie emplit petit à petit l'espace de la cour qui se refermait sur moi jusqu'à l'étouffement. Mon second étant en mission à l'extérieur de mon territoire, je me retrouvais seul et prostré, désespéré et parfois j'en pleurais de rancune.

Une fois, mon ami me présenta une jolie princesse des pays de Lorient au teint tanné et au rire en fossettes. Elle était jolie et parfaite. Elle eut fait une belle dame dans mon bel univers, elle ne fuyait pas et ne se moquait pas... mais ce jour-là, ce jour précis où il m'amena l'unique possible, je me levais lentement de mon trône. Je le regardais dans les yeux, sans dire un mot, excluant la jolie qui tentait de me convaincre.

J'avais trouvé ma princesse, et sans un mot je pris sa main et l'entrainais vers l'extérieur, vers le monde enfin, laissant dans mon royaume la petite fille dépitée ; de garçon à jeune homme, nous nous étions choisis...


28/12/2009
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