lulli\'s dreams

lulli\'s dreams

cher Dieu, chers Dieux,

Il est bien vrai que j’ai eu peu de temps pour vous écrire depuis le temps que je vous le promettais. J’espère que vous vous portez au mieux de votre forme inépuisable.

Pour ma part, ne vous inquiétez pas, j’en remets toujours les gens à vous au moment des au revoir, prenez soin d’eux, je ne suis qu’une égarée du petit matin. Autant vous le dire messieurs dames, je n’ai pas le plaisir de croire en votre existence. Toutefois, s'il y a une once de chance que vous soyez réel, je me devais de vous écrire. Oui, j’en fais un devoir sans foi. Une preuve de ma folie sans aucun doute.

Aujourd’hui, j’ai une requête, une demande de dérogation, un besoin de compréhension.
Depuis toujours l’Homme, fait selon vos traits, fait (merci Darwin) par l’évolution galopante et en mouvement, l’Homme dans sa splendeur macabre vit sous le ciel, les pieds sur terre et au delà. Je comprends fort bien que vous ne puissiez vous pencher plus avant sur la condition humaine, ayant sans aucun doute autant de travail avec le monde bactérien que celui des algues sous marines… Je vous imagine fort bien surbookés, débordés, à vous demander comment prendre une pause entre vos diverses tâches qui vous font croire que cent ans ne sont qu’une journée… En tant qu’homidée, j’espère que vous me comprendrez. J’aime autant les animaux que les plantes, la mer que la montagne, la terre que le ciel. Je suis incapable de choisir entre mon fils ou ma fille, mon époux et mon amant, j’aime de façon égale mes amis de longue date, je ne peux en aucun cas dire préférer la viande au poisson. Je sais au plus profond de moi que vous êtes comme cela vous aussi. A ne pas vouloir choisir un être plutôt qu’un autre, l’animé plus que l’inanimé… Vous avez tout inventé, tout conçu, toute chose est vôtre, votre bien ou votre enfant… Cela revient au même pour vous sans doute. Chose et enfant doivent se gérer, arriver à l’autonomie sans jamais l’être tout à fait… Vous n’êtes sans aucun doute pas égocentriques, et partez du principe que le travail se doit d’être bien réparti entre vos diverses tâches et que l’Homme (car c’est de lui dont je veux vous parler) n’est qu’une parcelle infime, une épingle dans une meule, un seul sourire dans une foule endeuillée.

En parlant de deuil, j’ai fait le deuil de vous rapidement, avant même d’en avoir conscience, tout comme j’ai dû faire deuil de père, de mère, de grands parents ou de cousins, de repos ou encore de silence… Si aujourd’hui je viens à vous par mes mots maladroits, par mes périphrases sans sens, par le désordre qui est mien, ça n’est pas pour moi-même, ni pour un être proche. Je viens solliciter votre bienveillance au nom de tous ceux que je ne connais pas mais qui dans l’ombre crient, pleurent et attendent. De l’algue brune qui s’assèche sur la grève, de la biche cherchant son faon, du lion ne trouvant plus de biche, de l’homme n’ayant plus à manger, de l’arbre ne faisant plus de fruits, de la tortue n’ayant pas de repères… Je ne sais plus comment formuler mes délires de douceurs, mes envies d’aide, mes folies de vous avoir écrit.

Vous vous moquerez de moi, mais au moins j’aurais tenté, et ne peut échouer celui qui ne prend pas pari. Je voulais encore parler de choses et d'autres, en arriver à vous faire sourire, en arriver à vous faire comprendre… Je vois bien ce qui se trame, certains parlent d’apocalypse, d’autres de dérèglement climatique. Dieux, ô Dieux d’où que vous soyez, retenez les flots ! Retenez votre juste courroux ! Ne laissez pas les terres se noyer ! Ne laissez pas les mers se vider ! Ne laissez pas les montagnes s’effondrer et la lune s’arrêter de tourner ! Non, ne laissez pas votre création se défaire, prenez de l’évolution la juste mesure, voyez comme nous sommes beaux, tous, à notre façon, de la crevette aux batraciens, voyez comme les pommes sont douces au toucher…

Je n’ai pas le mot s’il vous plaît en bouche, on ne m’a pas appris à supplier. Je voulais vous saluer une fois, mettre à l’écrit ces quelques frivolités, entrapercevoir l’ivoire de votre tour, tenter de vous deviner.
Les spectres de mon passé n'ont plus de sens.

Eléonord.



28/12/2009
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